Maurice HERTER

HERTER L’AMERICAIN

« Étrange artiste, fier, secret, solitaire, qui poussa le besoin de silence jusqu’à refuser longtemps d’exposer, et à fermer la porte de son atelier à ses amis, à ses enfants. Il était né à New Jersey en 1867, fils d’un architecte de New York, élève des beaux-Arts à Paris, il va abandonner l’architecture pour peindre; peindre presque exclusivement la Bretagne. A Bréhat, il a épousé une petite-fille de Renan; à Pont-Aven, il est devenu l’ami de Gauguin – de qui tout son art le sépare. Quand il découvre Kerhostin, il loue la maison voisine de celle de Duval-Gozlan, l’achète, s’y fixe. Pendant des heures, fasciné, il va contempler sur la baie les jeux incessants des nuages, les brumes immatérielles qui ouatent l’horizon, unissent le ciel et la mer, au loin, vers Port-Navalo. Au retour, sa vision intérieure recrée ce qu’il a vu, sur des toiles où, parfois, seuls le ciel, l’eau, la brume, la lumière, sont traduits en harmonies qui font penser à Whistler, en bleus qui vient au violet, en nacres dorées. « Architecture de l’invisible » écrira un critique. Quelquefois, les Roches Noires qu’il regarde entre les fusains de sa terrasse, mettent un accent dans l’impalpable clarté, ou bien la lune se lève sur le moulin de Saint Pierre, le soleil se noie dans les soirs de grands calmes au large de Portivy.

Marine, temps gris, presqu’île de Quiberon

Dans ce domaine intérieur, il va rester « l’artiste absorbé dans la poursuite de son rêve et la création de son œuvre, au point de s’interdire de la communiquer au public ». En 1926, il consentit enfin, à exposer à Paris une cinquantaine de toiles. L’une est au Metropolitan Museum de New York, d’autres aux Tuileries ou dans des collections particulières. Deux autres expositions auront lieu avant sa mort, la dernière en 1942 à Nantes.

Son fils, resté citoyen d’Amérique, a tenu à conserver pieusement la plupart des toiles de Maurice Herter dans l’atelier de Kerhostin; la maison agrandie, restaurée avec des pierres anciennes, le petit parc ombreux, la terrasse aux fusains taillés, le haut portail où s’encadre la baie, en font l’une des plus jolies propriétés de la presqu’île.

Comme le texte consacré à Léon Duval-Gozlan, celui-ci est extrait du livre « Quiberon presqu’île » de Madame Claude DERVENN dont la lecture est un bonheur total.

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